Droits en prison - Sommaire de l'émission du 29 janvier

« Si l’arrivée du droit en prison est majoritairement célébrée comme une avancée positive, certaines limites et effets pervers ont rapidement été constatés. Quand on s’attache à dresser le bilan des droits des détenus, on ne peut que constater l’écart existant entre les déclarations de droits des détenus et la réalité vécue par ces derniers. Divers auteurs mentionnent, en effet, qu’il y a souvent loin de la coupe aux lèvres et qu’il existe un monde entre l’affirmation d’un droit et son application quotidienne (...). Il ressort, en effet, que si les droits sont acquis sur papier, la façon dont ils sont appliqués peut poser problème (...). [...] L’impact réel des normes juridiques de protection des détenus dépendrait de la mobilisation des diverses ressources qui permettront de leur donner réalité. »


C’est en ces termes que la chercheure post-doctorale à la Chaire de recherche du Canada en traditions juridiques et rationalité pénale de l’Université d’Ottawa, Sandra Lehalle, définissait les enjeux des droits des détenus au Canada dans la revue Criminologie en 2007.


Pour approfondir la question, MAIS l’émission vous propose un entretien sur les droits des détenus avec le criminologue Jean-Claude Bernheim qui se spécialise dans l’analyse politique du système carcéral. Avec Roch Tassé Coordonnateur national de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles, nous nous penchons ensuite sur le régime d’exception des certificats de sécurité qui permet au gouvernement d’arrêter, détenir et poursuivre des pressons soupçonnées de terrorisme sans divulguer la preuve aux accusés.

Dans le volet de culture sonore de l’émission, on plonge dans le chaos sonore de la prison avec un programme d’Arte Radio.

Surveiller et punir - Sommaire de l'émission du 22 janvier 2015

« Parler de société de contrôle alors que tout autour de nous semble faire l’éloge de la liberté, de la singularité et de l’autonomie n’est paradoxal qu’en apparence. Car cet éloge est à comprendre à l’aune de l’utilitarisme ambiant qui évacue l’importance des liens sociaux, de la solidarité, de la culture et même du territoire, ces dimensions s’apparentant plutôt à des expressions de faiblesse à corriger et à dépasser.

[...]


Dans cette optique utilitariste, il n’y a plus d’inavouable qui tienne. Notre corps, notre esprit, nos attitudes sont sommés d’être impeccables, irréprochables, transparents. Ne pas l’être, ne pas entrer dans un processus de contrôle par lequel on peut le devenir, tend à faire de l’individu récalcitrant un danger public potentiel pour le corps social. »


Quarante ans après la publication de l’ouvrage phare de Michel Foucault, Surveiller et punir, Jean-Claude Ravet, le rédacteur en chef de la Revue Relations nous met en garde contre la société de contrôle à laquelle nous sommes en voie de nous soumettre ou d’être soumis.

Serions-nous en train de nous enfermer, sans le réaliser, dans la prison idéale de l’auto-surveillance? C’est la question qu’aborde MAIS, l’émission cette semaine dans la foulée d’une série sur les prisons. Au programme, on se penche d’abord sur une nouvelle entrée à l’abécédaire anticapitaliste de la CLAC : S, comme surveillance. On s’entretient ensuite avec Martine Éloy de la Ligue des droits et libertés au sujet des impacts de la surveillance de masse sur nos libertés civiles. En terminant, on écoute une capsule sonore sur la surveillance en France, tirés de l’impressionnante banque sonore d’ARTE Radio.

Crimes et châtiments (d'opinion) - Sommaire de l'émission du 15 janvier

« Notre désir, d’autant plus profond qu’il était souvent muet, était de libérer les journaux de l’argent et de leur donner un ton et une vérité qui mettent le public à la hauteur de ce qu’il y a de meilleur en lui. [...] À tort ou à raison, c’est pour cela que beaucoup d’entre nous sont morts dans d’inimaginables conditions et que d’autres souffrent la solitude et les menaces de la prison.

[…]

Que voulions nous? Une presse [...] au langage respectable. Pour des [journalistes] qui, pendant des années, écrivant un article, savaient que cet article pouvait se payer de la prison ou de la mort, il était évident que les mots avaient leur valeur et qu’ils devaient être réfléchis. C’est cette responsabilité du journaliste devant le public qu’ils voulaient restaurer. »

Cette Critique de la nouvelle presse, formulée par Albert Camus dans l’édition du 31 août 1944 de Combat, un journal issu de la résistance française contre l’occupation nazie, mérite que l’on s’y attarde en ces temps où il est question à tort et à travers de liberté de presse.
Pour cette seconde émission de la série sur les prisons, MAIS l’émission vous propose cette semaine une réflexion sur le crime et le châtiment (d'opinion). Pour commencer, on écoute un extrait du documentaire sonore LES VOIX DE L'INTÉRIEUR qui nous emmène en promenade autour du centre pénitentiaire de Marseille. Ensuite, on parle du cas du prisonnier d’opinion saoudien Raif Badawi avec Anne Ste-Marie d'Amnistie Internationale Canada francophone. En terminant, on s’interroge sur la présence de représentants d’un certain nombre de pays à la marche républicaine de dimanche dernier à Paris, suite aux attentats contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.

À quoi sert la prison? - Sommaire de l'émission du 8 janvier

« La prison n'a pas toujours existé. Apparue au 18e siècle et «perfectionnée» au 19e, elle succède aux galères en France, où l'on envoyait les criminels. Jugée inhumaine, cette sentence provoquait une forte mortalité. En Angleterre, on se débarrassait des bandits par milliers en les envoyant peupler les colonies.


L'emprisonnement donne-t-il de bons résultats? “Ce n'est ni mieux ni pire que l'imposition de peines communautaires, répond le criminologue [Maurice Cusson, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal]. C'est-à-dire que l'on constate les mêmes taux de récidive chez les deux catégories de condamnés.”


[...]


Les prisons demeurent un «mal nécessaire», où la vie est difficile, selon [Maurice Cusson]. La violence et l'intimidation y sont endémiques et la souffrance morale est omniprésente. »


À quoi sert la prison? Un article de Mathieu-Robert Sauvé, publié en novembre dernier dans le Journal Forum, pause la question sans vraiment y répondre...

Alors que débute aujourd’hui le mois contre le prisons, MAIS l’émission se propose  d’apporter son grain de sel à cette réflexion sur la fonction des prisons dans nos sociétés. Pour la première d’une série d’émissions sur ce thème, on écoute d’abord un extrait du documentaire sonore Avignon 1974 qui revient sur les émeutes carcérales ayant mené à une réforme pénitentiaire en France il y a tout juste 40 ans. Ensuite, on s'entretient, avec Nihad Ben Salah de la coordination Israël-territoires palestiniens occupés d'Amnistie internationale canada francophone, du cas d’Abdallah Abu Rahma qui risque cinq ans de prison en tant que prisonnier d’opinion en Israël pour avoir participé, en 2012, à une manifestation en solidarité avec les prisonniers et détenus palestiniens en Cisjordanie.



Vous pouvez me bâillonner, m'enfermer
je crache sur votre argent en chien de fusil
sur vos polices et vos lois d'exception
je vous réponds non
je vous réponds, je recommence
 La batèche,  Gaston Miron

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